Un prédateur du frelon asiatique identifié
Un frelon très agressif. DR
Le frelon asiatique importé en France poursuit sa colonisation de l’Hexagone. Une équipe de chercheurs de Tours vient de découvrir un prédateur naturel de ce frelon qui décime les ruchers.
Depuis son arrivée accidentelle il y a dix ans, dans des poteries chinoises pour l’horticulture, le frelon asiatique (Vespa velutina) a connu un essor fulgurant en France. Friand des abeilles, cet insecte donne des sueurs froides aux apiculteurs, déjà confrontés aux impacts des pesticides sur leurs ruchers. N’ayant pas de prédateurs connus en France, le frelon asiatique colonise le territoire français en progressant de 60 km chaque année. La Bourgogne et la région lilloise sont désormais touchées et si l’Alsace est encore épargnée, ce n’est plus qu’une question de deux ou trois ans, selon des spécialistes, avant qu’on ne repère cet hôte indésirable dans notre région.
Une lueur d’espoir vient d’être donnée par des chercheurs d’une unité mixte de recherche Université François-Rabelais de Tours/CNRS. Eric Darrouzet a découvert un parasitoïde européen du frelon asiatique, une espèce de mouche de la famille des conopidés (Conops vesicularis), qui pond un œuf dans l’abdomen d’une reine. En se développant, en 10 à 15 jours, la larve dévore les organes de la reine, causant sa mort et par ricochet celle de la colonie. « On savait que ce conopidé parasitait les bourdons butineurs et les guêpes ouvrières. Mais la nouveauté, c’est qu’on l’a retrouvé chez le frelon asiatique. » La découverte s’est faite en 2013 à partir de douze colonies de frelons asiatiques suivies par l’équipe de chercheurs de Tours. « Plusieurs étaient mortes, les reines ayant disparu. On a retrouvé les corps des reines dans deux colonies. En les disséquant, on a mis en évidence le parasite. »
La femelle conopidé attaque la reine au moment où celle-ci construit son nid et qu’elle est isolée. « Soit l’attaque se fait lorsque la reine cherche des matériaux pour construire son nid ou de la nourriture, comme dans le cas des bourdons butineurs. Soit l’attaque se fait à l’entrée du nid, comme dans le cas des guêpes ouvrières. » « Ceci veut dire , poursuit Eric Darrouzet, que la fenêtre de parasitisme est sans doute très courte et se situe vers la fin juin. »
Trois colonies en 2009, près de 2000 en 2016
Pour le chercheur, la découverte de ce parasitoïde est une bonne nouvelle. Même s’il faudra encore trois ou quatre ans de recherche pour savoir si Conops vesicularis pourra être utilisé en lutte biologique. Car dès que le frelon est bien installé dans une région, il va poser de gros problème : « Il attaque les colonies d’abeilles, il pose un problème de biodiversité car il chasse tout ce qu’il trouve et il est impossible de chiffrer ses dégâts. Enfin, il pose un problème de santé humaine, des gens ayant des réactions allergiques fortes, voire peuvent décéder, après avoir été piqués. » Le scientifique pointe ainsi qu’on a comptabilisé en Indre-et-Loire trois colonies de frelons asiatiques en 2009 et près de 2000 en 2016. « On voit que sa croissance est exponentielle. On peut espérer que le parasitoïde va pouvoir freiner cette croissance et, pourquoi pas, permettre de faire régresser les populations de frelons asiatiques. »
Nous avons pu remarquer cet été une recrudescence dangereuse de guêpes et de frelons.